• 18 octobre 2025

    Se réapproprier la rue à Bourg-en-Bresse : zones piétonnes, mobilité douce et nouveaux usages

De quoi parle-t-on ? Piétonnisation et rues apaisées, mode d’emploi

Qu’est-ce qu’une zone piétonne ? Derrière ce terme, il y a la volonté de redonner aux piétons – et plus largement à tous les usagers non motorisés – la priorité dans l’espace public. Stationnement limité ou interdit, accès aux livraisons réglementé, aménagement urbain repensé : la rue change de physionomie, de rythme et de fonctions. Les « rues apaisées », quant à elles, sont plus flexibles. Il ne s’agit pas toujours d’exclure la circulation automobile, mais de la ralentir et de partager la voirie notamment avec les vélos, les poussettes, ou les personnes âgées. Vitesse réduite, marquages au sol, mobilier urbain et verdure sont autant d’outils pour rééquilibrer l’espace.

Les zones piétonnes existantes au centre-ville

Bourg-en-Bresse a fait le choix – dès la fin des années 1990 – de transformer plusieurs rues centrales en zones piétonnes. Aujourd’hui, le centre historique présente l’exemple le plus abouti d’espace réservé aux piétons :

  • Rue du 4 septembre : c’est la « colonne vertébrale » commerçante entre les Promenades et la place de l’Hôtel de Ville. Cette zone, piétonne intégralement depuis les années 2000, est animée, adaptée aux personnes à mobilité réduite et très fréquentée lors des marchés et animations culturelles.
  • Rue Victor Basch : piétonnisée sur sa partie centrale, elle relie la Place Edgar Quinet à l’Hôtel de Ville, facilitant la traversée sécurisée et agréable du centre.
  • Placettes et rues adjacentes : Plusieurs petites places (place Récamier, place Carriat, etc.) ont vu leur accès restreint, favorisant la convivialité et la sécurité. Les rues Jean-Baptiste Coste, Gambetta, Duguesclin, ou la portion piétonne autour de la Basilique du Sacré-Cœur, en sont des exemples plus ou moins complets.

Le choix de ces transformations s’appuie sur la volonté de renforcer l’attractivité commerciale du cœur de ville et d’offrir un cadre de vie plus sain aux riverains. D’après un rapport municipal de 2018, près de 80 % des usagers du centre-ville se déplacent aujourd’hui à pied pour y faire leurs courses ou profiter des services, contre 65 % en 2006 (source : Ville de Bourg, bilan du centre-ville 2018).

Zones de rencontre et limitations de vitesse : Bourg dans la tendance “rue apaisée”

Bourg-en-Bresse ne s’est pas contentée de ses « puristes » piétonnes : elle a aussi développé des zones mixtes dans lesquelles la voiture circule, mais elle partage la priorité avec les modes doux.

  • La Zone de rencontre (limite de vitesse à 20 km/h, priorité aux piétons et cyclistes) a été instaurée sur la rue Jules-Migonnat (quartier Grisettes) dès 2016, ainsi que sur la Place Edgar Quinet, dans un esprit de cohabitation apaisée.
  • Les “30 km/h” se multiplient : depuis 2021, une très large partie du centre et de certains quartiers résidentiels (Bouvent, Brou, quartier de la Gare) sont en limitation permanente à 30 km/h, avec signalisation renforcée et contrôle de police municipale aux horaires de forte affluence.
  • Aménagements récents : En 2022, la rue du Peloux a été réaménagée avec des trottoirs élargis, des ralentisseurs et un élargissement des passages piétons, ce qui a permis de sécuriser la liaison entre le centre-ville et le quartier des lycées (source : Le Progrès, 23 mai 2022).

Au printemps 2023, la municipalité a également annoncé le lancement d’une expérimentation de « quartier apaisé » autour du secteur Saint-Denis/Crous, visant à restreindre la circulation de transit et à favoriser les circulations de quartier et la vie locale (source : Ville de Bourg, communiqué mai 2023).

Mobilité douce : vélo, sécurité et accessibilité aux publics fragiles

La piétonnisation s’accompagne souvent d’un effort en faveur du vélo. Bourg a suivi la tendance nationale, même si son offre « vélo » reste encore modeste par rapport à des villes plus grandes.

  • En 2019, Bourg-en-Bresse a vendu plus de 500 abonnements Vélo-Ville, soit une progression de 50 % en 4 ans : on est loin d’une “révolution vélo”, mais la dynamique s’amplifie.
  • Plus de 13 km de pistes cyclables ont été créés depuis 2015, notamment sur les axes avenue Maginot, route de Lyon, et autour du parc de loisirs de Bouvent.
  • De nouveaux supports à vélos et vélostations ont été installés ces deux dernières années, comme à la Gare ou Place Bernard.

Par ailleurs, la Ville veille à ce que les aménagements profitent aux personnes à mobilité réduite : grâce au plan “Ville Accessible” (2017-2022), 85 % des arrêts de bus sont aujourd’hui accessibles (rampe, sol podotactile), et la majorité des trottoirs du centre sont adaptés (source : Cité 01, mars 2022). La stratégie est assumée : créer un espace public qui convienne aussi bien à un senior, à un enfant ou à quelqu’un en situation de handicap.

Concertation et réticences : des piétonnisations qui font débat

Comme dans beaucoup de villes moyennes, la piétonnisation est parfois source de tensions à Bourg-en-Bresse : pour les commerçants ou les professionnels de santé du centre, la crainte d’une perte d’accessibilité reste prégnante. Plusieurs consultations citoyennes ont été menées avant chaque nouveau projet (exemple : concertation pour la rue Victor Basch en 2020 : +300 contributeurs selon la Ville).

  • Le sujet du stationnement est particulièrement sensible : si la suppression de places a permis d’élargir rue et trottoirs, elle a contraint la Ville à développer le parc de stationnement en périphérie (parking Rambuteau, parking Diderot, parkings relais de la gare).
  • Le schéma directeur vélo de 2019 a été débattu au Conseil Municipal et auprès des associations d’usagers, la priorité étant de maintenir l’accès aux commerces pour tous, tout en pacifiant la circulation.
  • Des mesures compensatoires, comme la gratuité des bus TUB (Transports urbains burgiens) les samedis en décembre, ont été reconduites pour soutenir l’activité commerçante lors des périodes de marché ou d’événements (source: Le Progrès, 1er décembre 2023).

Le dialogue associatif est très actif : les associations “Bourg à Vélo” et “Bourg Mes Pas” suivent de près l’évolution des aménagements et contribuent à la co-construction des plans de mobilité.

Points noirs et marges de progrès dans l’espace public burgien

Tout n’est pas rose et certains secteurs demeurent délicats à apaiser :

  • Les grands axes de transit (Avenue de Jasseron, route de Lyon) restent peu adaptés à la marche ou au vélo : trottoirs parfois étroits, traversées piétonnes rares, vitesse élevée. Pour ces secteurs, la Ville ambitionne à terme d’insérer davantage d’espaces partagés (source : PLUi-HD de la CA3B, adopté en 2019).
  • Certains passages sont ponctuellement inadaptés aux personnes en fauteuil roulant (désalignement de trottoirs, pavés glissants ou ruptures de niveau, en particulier dans le Vieux Bourg).
  • En sortie d’école, le manque de traversées sécurisées est évoqué rue Jules Ferry ou avenue Maginot : un diagnostic “Chemins Scolaires” a été engagé en 2022.

La politique d’extension des zones apaisées fera donc l’objet d’ajustements réguliers, dans une logique d’expérimentation et de retour d’expérience.

Témoignages et perceptions locales

Selon une enquête menée par la Ville en 2022 (bourgenbresse.fr), 66 % des usagers du centre se disent satisfaits des aménagements piétons, un chiffre en hausse de 9 points depuis 2017. Parmi les principaux atouts cités :

  • le sentiment accru de sécurité, surtout en journée
  • la propreté et la facilité d’accès pour les seniors et familles
  • l’attractivité des terrasses et commerces en cœur de ville

À l’inverse, certains habitants du quartier Saint-Denis ou de Brou expriment le besoin d’une meilleure desserte bus ou de parkings relais plus accessibles. Plusieurs demandes d’amélioration des revêtements (pavés jugés « glissants » en hiver) ont été relayées par le Conseil des Seniors, concrétisant le rôle des usagers dans l’adaptation permanente des aménagements urbains.

Cap sur les prochaines étapes : quelles perspectives pour la piétonnisation à Bourg ?

La Ville a annoncé en 2023 sa volonté de poursuivre la transformation de l’espace public selon trois axes principaux :

  • Extension progressive de la piétonnisation sur la Place Bernard et autour du Théâtre, en articulation avec la réhabilitation prévue de l’Hôtel Dieu (2025-2027).
  • Déploiement de nouveaux itinéraires cyclables dans les quartiers Nord et Ouest, connectés aux lycées et équipements sportifs.
  • L’expérimentation de “rues scolaires” pour tester la fermeture à la circulation motorisée à certains horaires, devant plusieurs groupes scolaires (essai prévu à l’école des Vennes, automne 2024).

À moyen terme, l’arrivée d’un nouvel itinéraire structurant de bus à haut niveau de service (inscrit au plan de mobilité de la CA3B pour 2027) devrait faciliter encore l’articulation entre transports collectifs et espaces piétonniers.

L’espace public, un chantier d’avenir collectif

La piétonnisation et l’apaisement de la voirie sont désormais au cœur des politiques locales à Bourg-en-Bresse. Si la topographie bourguignonne n’impose pas les mêmes défis qu’une grande métropole, la ville a su expérimenter, négocier et ajuster pour redonner de la place à la marche, au vélo et à l’usager vulnerable. L’enjeu reste de concilier qualité de vie, attractivité commerciale, besoins des jeunes et des seniors. Le travail collectif, la concertation et les retours d’usage – éléments-clés de la réussite – continueront d’orienter la mutation de Bourg vers un espace public plus apaisé et inclusif, où chacun trouve sa place.

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