• 24 septembre 2025

    Marcher à Bourg-en-Bresse : Qu’est-ce qui complique la vie des piétons et comment avancer ?

Marche en ville à Bourg : un choix quotidien parfois contrarié

À Bourg-en-Bresse, près de 26 % des déplacements quotidiens se font à pied d’après la dernière Enquête Mobilité de l’Ain (source : Observatoire régional des transports, 2023). C’est au-dessus de la moyenne pour des villes similaires, signe d’une vraie culture de la marche. Pourtant, dans les discussions du marché ou au détour d’un café, revient souvent la même plainte : “circuler à pied devient compliqué”.

Qu’il s’agisse de rejoindre un service de proximité, de flâner au centre ou d’emmener les enfants à l’école, le piéton à Bourg doit parfois composer avec des trottoirs étroits, des traversées mal situées ou des obstacles qui font hésiter à choisir la marche. Mais, si l’on regarde de plus près, quels sont ces freins concrets ? Et, surtout, comment faire pour que la marche reste le réflexe le plus naturel ?

Trottoirs et cheminements piétons : entre rattrapage et déséquilibre

Un patrimoine urbain qui pèse sur l’accessibilité

Le centre ancien de Bourg-en-Bresse, avec ses rues étroites et ses maisons à pans de bois, fait le charme de la ville. Ce patrimoine pose cependant de vrais défis pour les cheminements piétons : plus de 15 % des voies du centre disposent de trottoirs inférieurs au mètre réglementaire, selon le Diagnostic Accessibilité de la Ville (source : Mairie de Bourg, 2022). Hors centre, la largeur peut être correcte, mais l’entretien n’est pas toujours au rendez-vous : racines d’arbres, revêtements inégaux, stationnements gênants.

  • Des trottoirs trop étroits : sur la rue Charles Robin ou la rue du 4 Septembre, il n’est pas rare de croiser des poussettes ou fauteuils roulant obligés de descendre sur la chaussée.
  • Trous et dénivelés : des accidents liés à des chutes de piétons ont été rapportés sur l’avenue Maginot ou aux abords de la gare (références : Voix de l’Ain, archives locales).
  • Absence de continuité : certains quartiers, comme Brou ou les Vennes, voient leurs cheminements piétons battus en brèche par des parkings ou des passages barrés.

Stationnement sauvage : un mal difficile à contrôler

Un point noir ressort des consultations citoyennes menées lors de l’élaboration du Plan de mobilité douce en 2022 : le stationnement sur trottoir. Bien que la réglementation soit claire, les mauvaises habitudes persistent, notamment devant les écoles, les commerces de l’avenue Alsace-Lorraine, ou à proximité du Parc de la Visitation.

  • Près de 1 500 verbalisations pour stationnement gênant ont été délivrées à Bourg en 2023 (source : Police municipale).
  • Les conséquences pour les seniors ou les parents en poussette sont réelles : nécessité de descendre sur la chaussée, insécurité accrue à certains horaires.

Solutions et pistes d’amélioration locales

Du côté des bonnes pratiques, plusieurs chantiers récents apportent des progrès :

  • La rue Jules Migonney a retrouvé une circulation apaisée et des trottoirs plus larges, facilitant la promenade jusqu’à l’Église Notre-Dame.
  • La mise à niveau de certains passages piétons, comme avenue Amédée Mercier, a permis de limiter les dénivelés.
  • L’expérimentation de “trottoirs partagés” dans le quartier des Vennes suscite cependant l’interrogation de certains riverains, notamment en termes de priorités.

Reste que la rénovation complète du réseau piéton exige du temps, des budgets importants… et l’adhésion collective aux règles de partage de l’espace public.

Traversées de voirie : entre sécurité et visibilité

Des points noirs bien identifiés

Bourg-en-Bresse a engagé ces dernières années des travaux pour sécuriser certains carrefours accidentogènes (place Bernard, avenue Maginot). Pourtant, la traversée de grands axes demeure souvent difficile :

  • Des passages piétons éloignés des flux naturels : rue Charles Robin, il faut parfois marcher plus de 200 m pour trouver un passage sécurisé.
  • Signalisation verticale souvent masquée par le mobilier urbain ou la végétation à certains endroits (exemple : avenue de l’Industrie).
  • Des feux trop rapides pour les marcheurs les plus lents : selon l’Association Valentin Haüy locale, de nombreux seniors signalent que le temps imparti pour traverser est insuffisant.

Le nombre d’accidents impliquant des piétons à Bourg-en-Bresse est relativement stable, avec une dizaine d’accidents corporels par an en moyenne ces cinq dernières années (source : Observatoire national interministériel de la sécurité routière). Les horaires de pointe et le passage devant les établissements scolaires sont particulièrement sensibles.

Innovations à suivre et petits gestes efficaces

  • L’expérimentation de feux piétons à détection (qui allongent le vert quand un usager est détecté lent – exemple à la sortie de la préfecture) donne des premiers résultats encourageants.
  • Des écoles, comme Saint-Exupéry ou Guillaume Apollinaire, bénéficient d’un projet “rue scolaire” à horaires adaptés, limitant la circulation automobile à certains moments précis.
  • La pose de dalles podotactiles (balises pour les personnes malvoyantes) se généralise, mais leur entretien reste perfectible.
  • Une pétition citoyenne de mars 2024 réclame la suppression d’un arrêt de bus mal placé devant le collège Lumière, qui masque la visibilité pour les piétons traversant à cet endroit.

Coabbiter l’espace urbain : piétons, vélos, trottinettes et voitures

L’évolution rapide des modes de déplacement

Le paysage de la mobilité a beaucoup changé en dix ans. La circulation du vélo et des engins électriques (trottinettes et gyropodes surtout) explose : la Ville a comptabilisé +48 % d’engins de mobilité “douce” en circulation entre 2017 et 2023 (source : Direction mobilité de Bourg-en-Bresse). Cette évolution amène de nouveaux défis : trottinettes sur trottoir, vélos circulant à vive allure entre piétons, stationnement anarchique en centre-ville.

  • Les zones partagées, comme sur la place Gabriel Vicaire, montrent tant d’avantages pour une cohabitation apaisée… que de tensions lors des pics d’affluence (marché, sorties de bureau, fêtes).
  • Le sentiment d’insécurité déclaré par les piétons a augmenté de 15 % depuis 2019, principalement en lien avec la multiplication des trottinettes (source : enquête Ville de Bourg 2023).

Petites règles et outils pour une meilleure cohabitation

  • De nouveaux panneaux de signalisation rappellent les règles de priorité et la limitation spécifique pour les trottinettes sur certains axes.
  • Des campagnes d’information (“Partageons la ville”) sont menées depuis deux ans, mais les usagers demandent une présence accrue de la police municipale aux heures de pointe.
  • Des racks spéciaux pour vélos et trottinettes sont installés progressivement à proximité des commerces et des équipements publics pour limiter l’“envahissement” des cheminements piétons.

Des obstacles invisibles mais bien réels : sentiment d’insécurité, éclairage, orientation

La question de l’éclairage public

Un tiers des personnes âgées interrogées (source : lettre de la fédération des aînés ruraux de l’Ain, 2023) identifie “le manque de lumière” comme un frein à la marche en soirée ou tôt le matin, notamment dans les quartiers périphériques (Pont des Chèvres, Bouvent). La modernisation de l’éclairage LED avance, mais certaines rues secondaires en restent dépourvues.

L’orientation, un casse-tête sans plan piéton

Le plan de ville en papier reste courant… mais mal adapté à l’orientation à pied. Le jalonnement piéton de Bourg-en-Bresse reste insuffisant : très peu de bornes directionnelles, absence de temps de parcours affichés entre pôles (gare, centre, hôpital, parcs). Cette absence de balisage clair ralentit la découverte à pied, en particulier pour les visiteurs et les nouveaux arrivants.

Le sentiment d’insécurité

  • 18 % des habitants de Bourg déclarent éviter certains itinéraires à pied par crainte de l’agression ou du harcèlement (source : Baromètre Ville & Sécurité, 2023).
  • La présence de groupes bruyants, l’absence de caméras ou le mauvais entretien de certains espaces verts sont souvent rapportés dans les réunions de quartier.

Comment surmonter les obstacles : initiatives locales, astuces et leviers

Des démarches collectives à encourager

  • Le budget participatif 2023 a permis la création de deux liaisons piétonnes sécurisées entre Brou et la base de loisirs de Bouvent, sur proposition d’habitants.
  • L’association “Bougez à Bourg” organise chaque mois une marche exploratoire pour recenser les points noirs et proposer des micro-aménagements.
  • La mairie encourage désormais la co-construction des projets avec les conseils de quartier : un bon moyen de signaler les besoins concrets là où ils se posent réellement.

Quelques conseils pratiques pour les marcheurs

  • Privilégier les axes où les efforts de sécurisation sont déjà visibles : avenue Alsace-Lorraine, quartier de la gare, parc de la Visitation.
  • Faire remonter systématiquement les problèmes (trottoir dégradé, éclairage hors service, stationnement gênant) via les applications de la Ville ou la plateforme “Allô Mairie”.
  • Bénéficier du portage de courses et des dispositifs “pédibus” pour les enfants dans certains quartiers.
  • S’informer des actualités locales sur les changements temporaires (travaux, événements sportifs) via le site de la Ville ou les panneaux électroniques.

Pour faire progresser la marche à Bourg : tout le monde a un rôle à jouer

Si la marche reste un mode de déplacement central à Bourg-en-Bresse, divers obstacles limitent encore sa pratique fluide et sereine. Les efforts menés (rénovations, innovations, participation citoyenne) montrent la vitalité locale, mais les progrès restent souvent en dents de scie. L’amélioration des trottoirs, la sécurisation des traversées, la clarification des itinéraires ou la lutte contre le sentiment d’insécurité relèvent autant de la responsabilisation individuelle que de l’action publique.

Dans une ville où la majorité des enfants va à l’école à pied ou à vélo, où les seniors ont envie de préserver autonomie et mobilité, où les riverains se mobilisent pour signaler les difficultés… il est possible d’espérer une marche réellement accessible à tous, à condition d’en faire une priorité partagée : habitants, commerçants, pouvoirs publics et associations.

Redécouvrir sa ville à pied, c’est aussi contribuer à la rendre plus agréable, plus vivante et plus sûre : un défi collectif à relever tous ensemble, pas à pas.

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