• 22 juillet 2025

    Transports urbains et accès aux soins : où en est la desserte en bus des établissements de santé à Bourg-en-Bresse ?

De la consultation médicale à la navette : pourquoi le sujet importe à Bourg-en-Bresse ?

Le lien entre mobilité et santé n’a rien d’abstrait. À Bourg-en-Bresse, où près de 20 % de la population a plus de 65 ans (INSEE, 2021), la question de l'accès aux soins via les transports en commun dépasse le simple confort. Elle touche à l'égalité d'accès, à l'autonomie et même à la qualité de vie. Pour beaucoup — seniors, personnes à mobilité réduite, familles sans véhicule ou jeunes étudiants — le bus reste le trait d’union essentiel avec les acteurs locaux de santé.

Cartographie locale des établissements de santé : où sont-ils, qui sont-ils ?

Bourg-en-Bresse héberge une diversité d’établissements allant de l’hôpital public (Centre hospitalier Fleyriat), cliniques privées (Clinique Convert), centres spécialisés (pôle médico-psychologique, centre de rééducation) à un ensemble de cabinets et maisons de santé pluridisciplinaires éparpillés dans la ville.

  • Centre Hospitalier Fleyriat — Avenue de Marboz
  • Clinique Convert — Rue du Dr. Nodet
  • Centre de Rééducation du Parc — Avenue de Mâcon
  • Maison de santé du Peloux — Quartier Peloux
  • Cabinets de spécialistes — dispersés autour de la gare, centre-ville, quartier de la Reyssouze

La taille moyenne de ces établissements dépasse les 100 lits pour l’hôpital public, tandis que la clinique Convert en compte environ 120 (source : Hospitale.fr). La densité élevée de soignants en ville (plus de 100 médecins généralistes déclarés en 2022 selon Doctolib) renforce le besoin d’une circulation fluide entre quartiers et pôles médicaux.

Réseau Rubis : quelle couverture actuelle pour les établissements de santé principaux ?

La communauté d’agglomération du Bassin de Bourg-en-Bresse gère le réseau urbain Rubis, composé de 13 lignes régulières, renforcées par des lignes scolaires et de transport à la demande (Rubis’Plus). Mais la desserte des établissements de santé s’avère variable selon leur localisation.

Les hôpitaux et cliniques majeurs

  • Centre Hospitalier Fleyriat : La ligne A du Rubis (arrêt « Centre Hospitalier ») est l’une des mieux fréquentées, avec un bus toutes les 10 à 20 minutes en semaine.
  • Clinique Convert : Accessible via la ligne B (arrêt « Convert »), également bien cadencée aux heures de pointe.

Ce qui facilite l’accès en journée, mais reste plus compliqué en soirée ou le week-end : après 20h, une seule ligne nocturne assure la connexion, à raison d’un passage par heure (source : Rubis).

Maisons de santé et cabinets de quartier : l’hétérogénéité de l’offre

Pour les maisons de quartier (Peloux, Reyssouze, Brou), l’offre varie : seule une partie bénéficie d’un arrêt à moins de 200 mètres. La fréquentation y est souvent plus faible, les bus moins réguliers. Les professionnels libéraux, de leur côté, se regroupent souvent près des axes centraux ou des zones commerçantes, plutôt bien desservis (lignes A, B et C).

Centres spécialisés et accès particulier

  • Centre de rééducation du Parc : desservi par la ligne C, mais demande parfois une correspondance pour les patients résidant dans le sud de la ville.
  • Pôle médico-psychologique : mieux identifié sur la ligne E, avec une amplitude horaire réduite.

La majorité des centres les plus spécialisés (dialyse, santé mentale) se situent en périphérie immédiate. Pour eux, Rubis’Plus, le transport à la demande, prend le relais, à condition de réserver à l’avance.

Fréquentation et retours d’usagers : l’expérience vécue à Bourg-en-Bresse

Selon une enquête de satisfaction menée par le Syndicat des Mobilités de l’Ain (SMA) en 2022, 22 % des usagers Rubis prennent le bus pour raison médicale. Parmi eux :

  • 40 % jugent la desserte satisfaisante ou très satisfaisante pour l’hôpital Fleyriat
  • 32 % évoquent des difficultés pour certaines maisons de santé périphériques
  • 56 % estiment l’accessibilité (montée/descente, annonces sonores) globalement correcte
  • 30 % déplorent l'attente supérieure à 20 minutes en dehors des heures de pointe

Un point positif : l’ensemble du parc bus Rubis urbains répond aux normes PMR (Personnes à Mobilité Réduite) depuis 2018 (Grand Bourg Agglomération), même si la distance entre l’arrêt et l’entrée de certains centres demeure un frein pour les plus fragiles.

Le rôle crucial de l’aménagement autour des arrêts

L’accessibilité ne se limite pas à la présence d’un arrêt à proximité. L’état des cheminements (trottoirs, passages piétons, dénivelé), la signalétique, l’abri et la clarté des horaires affichés jouent un rôle clé, selon l’association locale d’usagers « Réseau Mobilités Bourg ».

  • Arrêts « Centre Hospitalier » et « Convert » : larges trottoirs, cheminements abaissés, abris spacieux
  • Maisons de santé plus modestes : parfois pas d’abri, ni même un marquage au sol ou un banc
  • Intermodalité vélo-bus très marginale, excepté pour l’hôpital public

L’agglomération a débuté la rénovation de onze arrêts ciblés « santé » depuis 2021, mais la couverture est encore partielle, notamment sur Reyssouze et la partie nord de la commune.

Santé, mobilité, égalité : quels enjeux spécifiquement pour les seniors et publics fragiles ?

À Bourg-en-Bresse, les usagers âgés déclarent trois motifs principaux de déplacement en bus : rendez-vous médicaux, courses alimentaires et démarches administratives (étude SMA 2022). Mais la marge de progrès reste forte pour éviter la dépendance à la voiture :

  • Disponibilité horaires : Pour les séances matinales ou tardives (dialyse, kinésithérapie), les seniors rapportent un manque d’offre, sauf à utiliser Rubis’Plus (prévoir 24h à l’avance).
  • Gardes médicales et urgences : Les bus ne circulent pas la nuit ni tôt le dimanche matin, rendant l’accès difficile hors horaires « normaux ».
  • Simplification du parcours : Pour éviter les correspondances chronophages ou difficiles à gérer physiquement.

Le Département de l’Ain rappelle que 14 % des ménages bourguignons ne disposent pas d’une voiture (INSEE, 2021), une proportion plus élevée dans les quartiers populaires ou chez les plus de 70 ans.

Nouveaux projets et perspectives d’amélioration

Face à ces constats, le Plan de Mobilité de l’agglomération (2022-2027) cible la desserte des pôles médicaux comme priorité. Les actions en cours incluent :

  • Ajout d’arrêts au plus près des centres médicaux, notamment dans le quartier Vennes et sur l’avenue de Mâcon
  • Extension des horaires de deux lignes majeures pour couvrir mieux les plages de rendez-vous
  • Lancement d’une expérimentation de navette médicale sur réservation, testée début 2024 avec quelques établissements
  • Partenariats renforcés entre Communauté d’agglomération et fondations de santé pour mutualiser des retours d’expérience

L’objectif affiché est de réduire de 20 % le « non-recours » aux soins lié à la mobilité d’ici 2027 (source : Agglo Grand Bourg).

L’innovation s’invite aussi avec la digitalisation : l’application Rubis permet de planifier un trajet intégrant les services à la demande, et de signaler une anomalie sur le parcours (absence de banc, d’éclairage).

Retour sur une réalité contrastée et leviers d’action pour demain

Le réseau de bus Rubis couvre aujourd’hui l’essentiel des « grands » établissements de santé de Bourg-en-Bresse, offrant une desserte correcte, notamment pour l’hôpital et la clinique. Les avancées en accessibilité et sur la flotte sont notables. Cependant, les besoins plus fins — horaires étendus, ajustement aux séances médicales, accessibilité des petites structures, intermodalité vélo-bus, confort et abris — laissent encore de nombreux usagers en marge, particulièrement parmi les publics fragiles et dans les quartiers périphériques.

Face à l’évolution démographique, et à l’augmentation des maladies chroniques et du maintien à domicile, faciliter le lien entre transports et santé va rester une priorité stratégique pour la ville. L’écoute des usagers, l’expérimentation de solutions souples — navettes médicales, arrêts à la demande, extension des horaires — seront autant d’atouts à développer afin que personne ne soit contraint de renoncer à se soigner ou à accompagner un proche par manque de mobilité.

La réflexion ouverte, pour tous les acteurs concernés : et si demain, l’accès aux soins (spécialiste, hopital, soins à domicile…) passait par un nouveau pacte « santé et mobilité », avec chaque arrêt de bus pensé aussi pour simplifier la vie des patients ?

Sources : INSEE, Grand Bourg Agglomération, Hospitale.fr, Rubis, Syndicat des Mobilités de l’Ain (SMA), Réseau Mobilités Bourg, Doctolib.

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