Comment Bourg-en-Bresse favorise-t-elle l’accès aux bus pour les personnes à mobilité réduite ?

À Bourg-en-Bresse, l’accessibilité des transports publics représente un enjeu concret pour l’autonomie et la liberté de déplacement de tous, en particulier des personnes à mobilité réduite (PMR). Le réseau de bus Rubis, exploité par la STAB, dessert la ville et l’agglomération. Mais qu’en est-il réellement de l’accessibilité des bus pour les usagers en fauteuil roulant, les personnes âgées, les parents avec poussettes ou encore celles à mobilité temporairement réduite suite à un accident ?

Selon le rapport d’activité 2023 de Rubis (Rubis Grand Bourg Agglomération), le parc de bus affiche un taux d’équipement élevé : 100 % des véhicules du réseau urbain classique disposent d’un plancher bas ou d’un dispositif d’accès facilité. Une avancée notable pour une agglomération de cette taille, qui place Bourg dans la moyenne supérieure des villes françaises de province.

Les bus les plus récents (Mercedes Citaro et Heuliez), utilisés sur les lignes principales, présentent plusieurs éléments favorisant l’accessibilité :

• Porte à plancher bas : permet d’entrer sans marches sur la plateforme avant.
• Rampe d’accès rétractable (électrique ou manuelle) à la porte centrale, actionnée à la demande (soit par le conducteur, soit par l’usager lui-même sur certains modèles).
• Emplacement réservé aux fauteuils roulants, signalé et dégagé avec bouton d’appel supplémentaire.
• Barres de maintien ergonomiques, poignées contrastées pour la visibilité des personnes malvoyantes.
• Affichage visuel des arrêts et annonces sonores synchronisées, utiles pour tous zélus et personnes ayant un handicap visuel ou auditif.
• Système d’abaissement (« agenouillement ») sur la majorité des véhicules, permettant de réduire la hauteur entre le trottoir et le plancher du bus.

D’après la page Accessibilité du site Rubis, la totalité du matériel roulant principal est normée pour accueillir au moins une personne en fauteuil roulant par trajet. Les minibus opérant sur les lignes secondaires ou en heures creuses peuvent présenter des limites : absence de rampe électrique mais présence d’une solution manuelle à la demande.

Entrer dans un bus accessible suppose aussi un arrêt accessible. En 2023, Grand Bourg Agglomération recensait 178 arrêts à Bourg, dont près de 63 % étaient déclarés « accessibles », c’est-à-dire :

• quai rehaussé (hauteur règlementaire de 16 à 18 cm)
• rampe d’accès ou pente douce
• zone de giration suffisante pour manœuvrer un fauteuil
• signalétique adaptée pour déficients visuels

Cependant, selon le dernier diagnostic publié dans le Plan Handicap Grand Bourg 2023, des écarts persistent : certains arrêts en périphérie ne permettent pas encore un accès aisé pour un utilisateur de fauteuil roulant, en particulier sur quelques lignes secondaires et en zones villageoises.

La ville suit une politique progressive de mise en accessibilité, avec en moyenne 8 à 10 arrêts rénovés chaque année. Les points stratégiques (hôpitaux, EHPAD, pôle universitaire, centre-ville) ont en priorité bénéficié de ces aménagements.

La question de l’accessibilité ne s’arrête pas au bus ordinaire. Depuis 2010, le service Rubis’Fil, sur réservation, permet aux personnes dont l’incapacité ne permet pas d’utiliser les bus classiques, d’être prises en charge « en porte à porte ». Ce service, qui utilise des véhicules adaptés (minibus avec élévateurs, taxis conventionnés), a transporté plus de 980 personnes différentes en 2023, pour plus de 14 000 trajets effectués au sein de l’agglomération.

• Fonctionne du lundi au samedi, de 7h à 19h
• Réservation la veille pour le lendemain par téléphone
• Tarification identique au bus urbain

Pour les personnes âgées autonomes mais fragilisées, l’Accompagnement Solidaire (proposé par le CCAS et des associations comme le Repère) offre aussi une solution de dépannages ponctuels—par exemple, un accompagnement physique du domicile à l’arrêt de bus ou au guichet. Cette palette de solutions contribue à une vision inclusive du déplacement, tout en cherchant à ne laisser personne de côté.

Les témoignages recueillis auprès des associations locales (APF France Handicap, Comité Valentin Haüy, FRAT) révèlent que :

• Le contact avec les conducteurs est généralement apprécié : la formation régulière à l’accueil PMR est saluée.
• Parfois, des problèmes d’alignement entre le bus et le trottoir rendent la rampe inutilisable (quai trop bas, obstacle sur le trottoir…)
• Des cas de grèves ou pannes ponctuelles ont pour conséquence de substituer un bus standard moins accessible en remplacement.
• Pour les parcours intercommunaux « porte à porte », la longueur du trajet et les ruptures de charge (changement de bus) peuvent s’avérer contraignantes pour certains profils.

Un point positif souligné : la billetterie sans contact, généralisée en 2023, qui évite la manipulation de monnaie ou de titres papier—un « plus » souvent relevé par des usagers avec troubles de la dextérité.

Toutefois, le témoignage de Sophie, habitante de Bourg, montré sur France 3 Auvergne Rhône-Alpes en janvier 2024, met en lumière l’enjeu du « dernier mètre » : même avec un bus accessible, l’absence d’abaissement de trottoir devant la pharmacie ou la boulangerie complique la vie.

Grand Bourg Agglomération a intégré à son budget 2024 un plan d’investissement de 520 000 € pour la poursuite de la mise aux normes accessibilité (source : Conseil communautaire, décembre 2023). Parmi les axes annoncés :

1. Poursuite de la rénovation des arrêts prioritaires (santé, crèches, établissements scolaires).
2. Acquisition de trois nouveaux bus « full accessibles » avec double emplacements fauteuil et détection automatique d’obstacle.
3. Expérimentation d’une information en temps réel de l’accessibilité aux arrêts sur l’appli Rubis, à l’instar de Lyon ou Toulouse.
4. Renforcement de la formation à l’accueil pour les équipes de conduite, avec des ateliers « mise en situation PMR ».

Un guide de l’accessibilité sur le réseau est également annoncé pour 2024, envoyé en version papier aux associations, maisons de quartier et EHPAD, et disponible en téléchargement sur le site Rubis.

• Veiller à une signalétique uniforme et lisible pour tous les arrêts accessibles.
• Entretenir régulièrement les rampes, qui peuvent se gripper en hiver ou par temps de pluie.
• Impliquer les usagers à mobilité réduite dans la conception des futurs aménagements (concertations, panels usagers).
• Miser sur la formation des agents pour qu’accueil rime avec efficacité, mais aussi avec bienveillance.
• Continuer à élargir l’offre autour des horaires creux et en fin de soirée, souvent des plages très limitées pour les usagers PMR actifs (travail, loisirs).

L’accessibilité n’est pas « acquise » une fois pour toutes : elle doit s’inscrire dans une amélioration constante et collective.

À Bourg-en-Bresse, les bus du réseau Rubis témoignent d’une vraie volonté de rendre la ville plus inclusive. Si la technologie et les infrastructures évoluent favorablement, le défi de l’accessibilité se loge aujourd’hui dans les détails : qualité des cheminements, réactivité lors des incidents, qualité humaine de l’accueil, et implication des premiers concernés dans la réflexion collective.

Informer, investir, expérimenter : les villes qui s’engagent pour l’accessibilité ouvrent la voie à un espace urbain plus convivial pour toutes et tous. À Bourg, ce mouvement est engagé, et chaque habitant peut y trouver sa place—à condition de poursuivre le dialogue entre citoyens, décideurs, associations et usagers au quotidien.